mercredi 10 novembre 2021

Sommes-nous prêts à cohabiter avec les robots?


 Sommes nous prêt a cohabiter avec les robots ?


Au travail ou à la maison, les robots sont appelés à envahir notre quotidien. Pas pour nous remplacer, mais pour nous accompagner et nous assister. Avant de les accueillir dans nos vies, reste tout de même à améliorer la cohabitation avec eux...Un défi de taille pour la recherche à explorer et grâce à FutuRobot, une série d'évènement dédiés à la robotique, organisé par le CNRS jusqu' en juin 2021.


(Cet article est tiré du dossier « Ces robots qui nous veulent du bien », à découvrir dans le n° 8 de la revue Carnets de science en vente en librairies.) 


La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, lors d’une brève conversation avec Sophia lors d’une réunion consacrée au développement durable, en 2017. © ONU/Manuel Elias

 
 

Pertinent, faisant exactement ce qu'il faut au bon moment et de la meilleure façon possible, naturel, facile d'accès, non intrusif, intuitif, adaptatif… Le portrait-robot du genre idéal version 2020 ? Non le profil du parfait robot interagissant avec des humains. N'en déplaise aux technophiles, une telle merveille n 'existe pas. Pas encore. Les millions de robots à l'œuvre aujourd'hui de par le monde sont la plupart des dispositifs capables d'exécuter des tâches répétitives, spécialisées, programmées mais inaptes ou presque à coopérer avec des opérateurs en chair et en os dans la rue ou dans un lieu public, hors de leur cadre habituel d'expérimentation.


« Ces machines dépourvues de capacités d’initiative sont hyper-rigides et doivent fonctionner dans des cadres connus et contrôlés, pour des raisons de sécurités, comment Mohamed Chetouani, professeur en robotique sociale à l’institut des systèmes intelligents et robotique . Pour l’instant, humains et robots travaillent le plus souvent chacun de leur côté dans le monde. » 


selon Alexeï Grinbaum


 
"Il faut que l'éducation, et la formation, s'adaptent aux besoins induits par la prépondérance de l'intelligence artificielle dans les prochaines années." 

 
"L'intelligence artificielle n'est jamais responsable. Elle n'est ni une personne, ni un agent moral."


- Il y a aussi la question de l'emploi. Certains redoutent que les robots prennent la place des humains, dans les usines, les services


C'est une évolution qui semble évidente, bien sûr selon Alexeï Grinbaum. Une évolution à laquelle nous devons nous adapter. Mais ce n 'est pas une catastrophe. Souvenez-vous des cochers, autrefois. Ils étaient des dizaines de milliers en France. Et l'apparition de l'automobile ne les a pas fait disparaitre du jour au lendemain. La population des cochers a commencé à vraiment baisser à la fin des années 30. Cela laisse le temps de changer notre manière d'aborder les questions d'emploi 



T-HR3, conçu par le Toyota Research Institute, est doté d’impressionnantes capacités. Il ne lui manque plus qu’une apparence un peu plus « humaine ». | TRI


Pour commencer, précisons le sujet : il ne s’agit pas ici de robots aspirateurs autonomes, ni de machine à repasser les chemises ou encore de robots-tondeuses, mais de robots d’apparence humanoïde, qui interagiraient avec les humains pour les assister dans leurs tâches quotidiennes (un peu à la manière de C-3PO dans Star Wars). Rangement, ménage, lessive, préparation des repas, tout ou partie des corvées du foyer pourraient lui être assignées sans que le robot ne s’en plaigne. Un rêve pour beaucoup, mais se concrétisera t-il un jour ?

Il se pourrait bien que oui, à en croire les performances de Bot Handy présenté par Samsung au Consumer Electronics Show 2021. Le constructeur travaille en effet sur un concept de robot majordome, pas tout à fait humanoïde, mais néanmoins doté d’un bras articulé qui lui permet d’assurer de nombreuses tâches. L’engin s’appuie sur une intelligence artificielle avancée qui lui permet de reconnaître et de ramasser des objets de toutes sortes, de remplir le lave-vaisselle, de mettre la table, de vous servir un verre ou encore de ranger les courses — en calculant à chaque fois la force nécessaire pour manipuler tous ces objets. 

Cerise sur le gâteau, ce robot possède un écran sur lequel apparaissent deux yeux destinés à le rendre plus « attachant ». « Notre monde est différent et beaucoup d’entre vous ont été confrontés à une nouvelle réalité — une réalité où, entre autres choses, votre maison a pris une plus grande importance », a déclaré Sebastian Seung, président et directeur de Samsung Research, lors de la conférence de presse associée à l’événement. En effet, le contexte sanitaire et les mesures de confinement ont amené les gens à demeurer davantage chez eux, ce qui a nécessairement suscité de nouveaux besoins en matière d’organisation. Les robots assistants domestiques n’ont peut-être jamais présenté autant d’intérêt qu’actuellement. 






Plusieurs projets en cours de développement


Le Toyota Research Institute (TRI) travaille lui aussi activement sur un concept de robot humanoïde. Son modèle T-HR3, dévoilé en 2017, est truffé de capteurs qui lui permettent d’imiter parfaitement tous les mouvements humains. Lui aussi est capable de « sentir » ce qu’il manipule et d’adapter sa force en conséquence. Au mois de juin de cette année, le groupe a annoncé  que son robot est désormais doté de nouvelles capacités, qui le rendent parfaitement adapté aux tâches complexes inhérentes à l’environnement domestique. Il est notamment capable de reconnaître et d’agir sur des surfaces transparentes, comme on peut le voir dans cette vidéo. 





Des séniors qui ont du mal à s'adapter


Plus généralement, les personnes les moins diplômées et les moins formées seraient les plus touchées. Toujours selon l’OCDE, les seniors, maîtrisant difficilement les outils d’intelligence artificielle, pourraient eux aussi avoir du mal à s’adapter aux nouvelles conditions d’exercice de leurs fonctions. Mais les jeunes ne sont pas à l’abri, car dans nombre de métiers, ils commencent souvent leur carrière en accomplissant des tâches routinières appelées à disparaître. Ainsi, dans les cabinets d’avocats, il est d’usage que les stagiaires des facultés de droit effectuent la recherche de la jurisprudence - une tâche de plus en plus souvent confiée à des plateformes juridiques spécialisées. Face à cette vague annoncée de destruction d’emplois, comment limiter la casse ? En passant par la formation professionnelle pour s’adapter au changement… ou, carrément, en s’orientant vers un nouveau métier. 


La collaboration : l'avenir du travail et de la robotique


À terme, la robotique permettra aux entreprises de créer de nouvelles opportunités tout en contribuant à l'évolution de leur secteur. Il est donc nécessaire pour les entreprises souhaitant rester compétitives sur un marché basé sur l'innovation d'enclencher le pas de la modernisation.

 

Le marché de la robotique, Connaît une croissance rapide et enclencher le pas de la modernisation est désormais nécessaire pour les entreprises souhaitant rester compétitives sur un marché basé sur l'innovation. Le rapport World Robotics 2021 Souligne un record de 3 millions de robots industriels en activité dans les entreprises du monde entier et une augmentation de 10 % de la robotique mondiale, et ce malgré les conséquences de la pandémie. 

À mesure que ces chiffres augmentent de manière exponentielle, les questions sur la façon dont les robots et les humains peuvent travailler ensemble pour accroître l'efficacité et optimiser les différentes opérations commerciales se multiplient. Le marché du travail est à un stade où il y a davantage de postes à pourvoir que de candidats pour les occuper. Désormais, l’idée n’est pas que les robots prennent le dessus sur les humains, mais qu’ils travaillent en étroite collaboration. 


Créer des opportunités professionnelles 


Selon un document de recherche de 2020 sur la robotique et les emplois, les employés s'inquiètent encore grandement de la menace qu'elle représente pour le marché du travail. Loin des idées reçues, les robots peuvent cependant prendre en charge des tâches ingrates, dangereuses ou répétitives, permettant aux employés de travailler à la programmation des robots, à la gestion des processus ou de travailler à leurs côtés dans des rôles plus propices à stimuler l'intellect. Les experts estiment que la robotisation de certaines industries aura un impact positif non seulement sur la satisfaction au travail, mais aussi sur la productivité et la motivation. En outre, la demande de personnel techniquement qualifié augmentera dans les années à venir en raison de la transformation de l'industrie et créera des emplois plus stimulants, plus créatifs et plus épanouissants. 

Selon une étude pôle emploi sur les besoins en main-d’œuvre en 2021 en France, le constat est sans appel : 44,9 % des entreprises ont exprimé des difficultés à trouver des salariés. Cette pénurie de personnel s'aggrave. L’amélioration des conditions de travail, des postes plus stimulants et une meilleure formation sont des besoins essentiels pour l'avenir. Et l'introduction de cobots (robots collaboratifs) pourrait jouer un rôle important en libérant le temps des employés. 

De même, les data center déploient des robots pour faire face aux pénuries de personnel sur le marché, en particulier pour les tâches répétitives, fastidieuses et dangereuses. Investir dans les cobots peut améliorer la sécurité au travail, accroître l'efficacité des temps de traitement et permettre aux entreprises d'allouer davantage de ressources à la formation et aux postes stimulants. 


Un manque de main d'œuvre, un personnel vieillissant et des métiers toujours difficiles… Face à tous ces enjeux, des entreprises spécialisées dans la mécanisation et la robotisation de taches spécifiques à la construction cherchent à proposer des produits à la pointe de la technologie. En France, les start-ups se multiplient dans ce domaine et œuvrent à réduire la pénibilité tout en augmentant la productivité des sociétés. Elles promettent ainsi de supprimer les tâches pénibles et répétitives de certains métiers difficiles du BTP. "Un grand nombre de technologies deviennent abordables", affirme Guillaume Bazouin, responsable des programmes start-up et intrapreneurs à Léonard, la plate-forme d'innovation et de prospective du groupe Vinci. L'homme a tenu une table-ronde en septembre avec quelques acteurs du secteur pour discuter de ces problématiques et des nouvelles technologies mises sur le marché.


"Drone, application d'intelligence artificielle pour la reconnaissance d'images, nouveaux matériaux, impression 3D… Les coûts de ces technologies se sont effondrés ces cinq dernières années", continue-t-il. Une bonne nouvelle pour celui qui rappelle que la main d'œuvre ne cesse de vieillir sur les chantiers. Aux États-Unis, la proportion de travailleurs de la construction qui ont moins de 30 ans a baissé d'un tiers entre 2005 et 2015. À Hong Kong, 45% de la main d'œuvre à plus de 50 ans. Quant à l'Hexagone, "on estime qu'un tiers des compagnons pourrait partir à la retraite d'ici 2030", chiffre le porte-parole de la plateforme. Et les choses ne sont pas près de s'arranger selon lui. 35% des salariés de la construction justifient d'une ancienneté de plus de 10 ans, contre 50% dans l'industrie et 45% dans le tertiaire. Rien qu'en Bretagne, sur les 3.500 places d'apprentis que comptait le bâtiment en 2017, "seuls 2.500 ont trouvé preneur". Il rappelle que c'est le secteur comptant "le plus d'accidents de travail, avec 57 accidents pour 1.000 salariés, contre 33 pour le reste de l'économie". Par ailleurs, huit ouvriers sur dix dans la construction sont exposés à des produits chimiques.


Contribuer à l’évolution du secteur 


Les entreprises françaises continuent d'accélérer leur parcours de transformation numérique. Nombreuses sont celles qui automatisent désormais leurs processus à l'aide de l'IA (intelligence Artificielle) et de la robotique.  D’ailleurs, le gouvernement français a bien compris les enjeux de la robotisation des entreprises et a d’ores et déjà enclenché le plan France 2030 : « Notre stratégie de décarbonation se complète par la digitalisation et la robotisation de notre industrie, qui est aussi un point clé. On va accélérer, avec justement la stratégie France 2030, de véritablement digitaliser, robotiser », a déclaré Emmanuel Macron. 

Les entreprises découvrent également un nouveau marché via la robotique, leur permettant de contribuer à l'automatisation et à l'exploration de nouvelles méthodes de travail collaboratif, tout en favorisant les avantages en matière de santé et de sécurité de leurs employés. 

Le rôle de la robotique sur le marché du travail devrait donc apporter des avantages considérables non seulement aux entreprises, mais aussi aux employés et à l'évolution de leur carrière. L'avenir n'est pas l'un ou l'autre, mais plutôt un modèle de collaboration entre les humains et les robots au sein de la main-d'œuvre - en particulier dans des secteurs industriels tels que la fabrication, l'emballage et l'entreposage. En déléguant les tâches répétitives et dangereuses aux robots et en investissant dans la formation et l'évolution des employés qui gèrent les machines, les entreprises constateront une augmentation de l'efficacité globale. En outre, les employés bénéficieront d'une plus grande satisfaction au travail et d'une plus grande motivation. 


Réduire la pénibilité

 

La PME anglaise Q-Bot a réfléchi à réduire la pénibilité des compagnons en développant des outils innovants au service de la performance énergétique des bâtiments, grâce à la robotique et l'intelligence artificielle. Elle a commercialisé en 2012 un système robotique qui permet d'inspecter et d'isoler les vides sanitaires des maisons, des espaces peu accessibles à l'homme. "Pour les ouvriers, c'est une activité très contraignante, qui nécessite de travailler dans des espaces restreints avec des équipements lourds", observe Audrey Massy, responsable marketing à Q-Bot. L'entreprise propose plutôt d'envoyer leur robot, contrôlé à distance, faire l'isolation. Le robot filme en permanence l'installation et fait des scans 3D avant et après celle-ci. Une application permet de suivre l'installation. "Environ 8 millions de foyers en France ont une mauvaise isolation de leur vide sanitaire, voire pas du tout. Cela entraîne des pertes de chaleur de 10 à 15% et fait augmenter les factures d'électricité." La directrice marketing de l'entreprise avance que ce robot réduit les risques d'accidents professionnels et permet aux ouvriers d'éviter des positions inconfortables et l'utilisation d'un système de respiration assisté. Ils travaillent plutôt à contrôler l'installation du robot via l'application. Sur un autre sujet, Audrey Massy dit regretter que "l'isolation des vides sanitaires ne soit pas intégrée dans les primes gouvernementales comme MaPrimeRénov'".

 

Romaric Gomart, le fondateur de PaintUp, un système qui traite les façades de bâtiments, approuve ces propos et rappelle également que le BTP intègre certains métiers pénibles voire dangereux. "Les gens vieillissent mal dans ces professions et on peine à recruter. Pour la façade, la part des salariés de moins de 25 ans en France a été divisée par deux depuis dix ans. Le manque de main d'œuvre fait qu'on perd en productivité dans les pays développés", remarque-t-il. Il a ainsi imaginé une solution qui numérise les façades et qui définit ensuite un protocole des zones à traiter. "Le logiciel prédit le temps nécessaire et les quantités de consommable qu'on devra utiliser", explique-t-il. Le robot peint ensuite la façade et un ouvrier se charge de contrôler l'activité à distance. "C'est plus de sécurité pour le salarié et la garantie d'une finition homogène."



Des exigences trop grandes face au méthodes traditionnelles ?

 

Pour Philippe Portier, chef de projet chez Hilti au département "méthodes" (une société experte en technologies de fixation et de démolition pour les professionnels de la construction), ces technologies répondent aux besoins des entreprises. "Les méthodes traditionnelles ne peuvent plus répondre aux exigences demandées, notamment le raccourcissement des délais", constate-t-il. Hilti a planché sur un robot de chantier mobile qui reçoit un plan de perçages à distance et se positionne ensuite, à l'aide d'une station d'implantation, sur la zone de travail. Le robot va par la suite percer et marquer les trous. Conscient que la robotisation peut représenter un frein pour certaines entreprises, l'intervenant affirme toutefois qu'il souhaite que cet équipement "reste simple et accessible". "Le travail de l'un de nos robots équivaut à celui de sept collaborateurs", conclut-t-il, avançant ainsi que les avantages de la robotisation sont incontestables.



Tout comme ses homologues, Pierre Barcelo croit au développement des nouvelles technologies pour faire face au vieillissement de la population et aux problèmes de recrutement que rencontrent certaines entreprises de BTP. L'homme à la tête de Robots for Site (une start-up de Vinci qui tente de supprimer les situations dangereuses, en diminuant les risques de troubles musculo-squelettiques ou en évitant les abandons de tâches) cherche à mettre en place une politique du "zéro accident". Pour éviter également les "turn-over" importants que connaît le secteur, il considère que les sociétés doivent mettre les moyens pour produire plus facilement. Une cinquantaine de métiers robotisés ou facilement robotisables ont été pensés chez Vinci, qui déploie des solutions pour réduire la pénibilité.

 

En effet, la major a mis en œuvre 25 applications robotiques, autonomes et mobiles. "Notre objectif n'est pas de supprimer des postes mais de transformer les métiers", assure-t-il. Parmi les technologies développées par le groupe, on trouve un robot grenaille de surface, un robot pose de bordure ou encore un robot carreleur. "Auparavant, on avait besoin de deux compagnons pour poser du carrelage. Maintenant il n'en faut plus qu'un." Un autre robot qui ponce le sol géolocalise et calcule une trajectoire de façon autonome. Et la période de pandémie actuelle a poussé les entreprises à "faire différemment", considère Philippe Portier. "Technologiquement, on est prêt. Maintenant, la question est de savoir comment mettre ces technologies en œuvre." Une affirmation que Romaric Gomart soutient, ajoutant que "certaines nouvelles technologies ne sont pas encore totalement maîtrisées par les équipes sur chantier ".

Conclusion

                                     EN CONCLUSION                                Un sujet dont j 'ai pris plaisir à développer, beaucou...